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Dénonciations 2.0 : les agriculteurs dans le collimateur !

Rappelez-vous le début de la crise du COVID 19 et certains discours à propos de souveraineté et en particulier de souveraineté alimentaire. Tout le monde a en mémoire celui du 12 mars 2020, dans lequel le président de la République a estimé que « déléguer notre alimentation » était « une folie ». Il a promis « des décisions de rupture » pour « reprendre le contrôle » sur notre alimentation. La France est une puissance agricole de premier rang, elle le doit à une politique volontariste au sortir de la guerre et au travail acharné de nos paysans. Cela n’est pas allé sans certains « dommages collatéraux » dont nous avons pris la mesure et que, pouvoirs publics et agriculteurs s’attachent à corriger depuis déjà de nombreuses années. Le remembrement trop agressif et trop peu respectueux des paysages et de la bio diversité est maintenant remplacé par une agriculture consciente des enjeux environnementaux et bien plus mesurée dans l’utilisation des produits phytosanitaires. De (trop ?) nombreuses  règles ont été édictées pour y veiller. Les agriculteurs doivent maintenant se battre sur un autre front, celui de l’ agri-bashing. Les éleveurs sont dans le collimateur des zozos anti-spécistes et les autres dans celui des anti-tout.

Il semble surprenant, malgré cette apparente volonté de maintenir et d’améliorer notre souveraineté alimentaire, de constater que certains d’organismes, pourtant gouvernementaux semblent ramer dans le sens contraire. J’en veux pour preuve cette déclaration commune de l’Office français de la biodiversité (OFB), de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) et de l’Agence régionale de santé (ARS) du 11 juin dans laquelle ils annoncent « le lancement d’un nouveau dispositif de signalement des problèmes d’épandage de produits phyto-pharmaceutiques ».

« Toute personne (particuliers, mairies, gendarmeries, collectivités, agriculteurs, etc.) souhaitant signaler un événement en lien avec les produits phyto-pharmaceutiques est invitée à compléter un formulaire en ligne », peut-on lire sur le site de l’OFB… « Le formulaire prévoit un degré de précision élevé, en identifiant les parcelles cadastrales concernées par l’épandage, le nom de l’agriculteur, le type de produit, ou encore la vitesse du vent, et en permettant de télécharger des photos. »

Traduction : vous avez tout loisir de dénoncer les agriculteurs pour peu que vous ayez un soupçon de quelque chose à propos de leurs pratiques. Vous imaginez la ruée des soit-disants spécialistes, néo ruraux, bobos en weekends et malfaisants en tous genres qui vont s’en donner à coeur joie.

Comment dans ces conditions continuer à travailler à la souveraineté alimentaire du pays ? Comment ne pas avoir le sentiment d’être caressé d’une main et trahi de l’autre ?

Heureusement cette annonce précise que les »signalements » (dénonciations ?) ne seront pas anonymes. Ouf, nous allons éviter le style « cher monsieur de la kommandantur… »

L’état, par le biais de ses administrations demande aux citoyens de surveiller et de dénoncer ses agriculteurs. Etrange pratique, étrange conception de la concorde civile, de l’unité nationale et de la fraternité pourtant au fronton de tous nos édifices publics… Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ?

Nous chasseurs, qui avons l’habitude d’être des cibles, sommes aux côtés des paysans (j’aime ce mot, il est plein de noblesse) pour la défense d’une ruralité respectueuse de la bio diversité mais aussi soucieuse d’assurer à notre pays la place qui est la sienne.

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