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Un dimanche à la chasse vue autrement

Dimanche, les non pratiquants étaient conviés à accompagner des chasseurs. Pas toujours conventionnels.

Un dimanche à la chasse. La manifestation est nationale et a pour but de rapprocher deux mondes qui ne se comprennent pas toujours très bien. Les chasseurs et ceux qui ne pratiquent pas. Encore moins dans un tel contexte : il y a une semaine, un jeune Nîmois (lire ci-dessous), pris pour un chevreuil, a été tué dans l’Isère, ce qui relance le débat sur la sécurité autour de la pratique.

Depuis l’an dernier en tout cas, la fédération des chasseurs gardois participe à cette opération de communication et de séduction en direction du grand public. Une vingtaine de sociétés de chasse du département était ainsi dimanche matin de la partie pour encadrer une centaine de curieux. Près de Nîmes, sur les 150 hectares du domaine de Vallongue qui bordent l’ancienne route d’Anduze, l’accent a été mis sur deux pratiques non conventionnelles et très marginales en termes statistiques, à peine plus de 2 % des usagers : la chasse à l’arc et celle au vol.

« On n’est pas là pour faire des tableaux »

Pas le moindre coup de feu dans la garrigue. Munis de leur arc et de leur carquois remplis de flèches, trois hommes progressent lentement dans la pluie fine et la nature odorante. Et suivent les mouvements de Duke, le chien, la truffe au plancher. « La technique, c’est de se fondre dans la nature, explique Marc Guérin, un habitant de Villevieille. On s’approche le plus possible du gibier, on le tire à 10 ou 15 m, pas plus. » Et que le gibier soit petit ou grand. Sangliers, chevreuils, lapins, faisans…Autour au poing

« En fait, poursuit Joël Julien, un pratiquant venu des Bouches-du-Rhône, la chasse à l’arc est légale en France depuis 1995. Jusque-là, on nous considérait comme des braconniers alors que nos conditions de chasse ne permettent vraiment pas de tuer beaucoup. Ce n’est d’ailleurs pas ce qui nous intéresse. » Son collègue, Marc Guérin, renchérit : « L’arc, c’est pour chasser autrement, on n’est pas là pour faire des tableaux. »Changement de décor, mais toujours pas le moindre coup de feu. Cette fois, l’arme est un oiseau de proie dressé.

Dans les pas de Christian Bechtold, de son rapace – un autour des palombes – et puis du chien d’arrêt, un autre groupe de curieux. « D’abord, il faut que le chien marque l’arrêt et on doit alors bien identifier le gibier », explique M. Bechtold. L’oiseau pourra être lâché : il fondra sur le lapin ou la grive… « Après, résume le chasseur à la main gantée, c’est la nature contre la nature… Et puis, à la fin de la chasse, quel que soit le résultat, on est déjà bien content de revenir avec l’oiseau sur le poing. »

 

Après la mort de Samuel, le débat relancé

Dimanche, forcément, une semaine jour pour jour après la mort de Samuel, un Nîmois de 20 ans tué en Isère par un chasseur qui l’avait pris pour un chevreuil, la question fait débat au domaine de Vallongue. Le jeune homme prenait l’air dans un secteur très fréquenté par les promeneurs… C’était un dimanche et,
à ce propos, depuis le 10 septembre, une pétition pour l’arrêt de la chasse
le dimanche, lancée par l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), a recueilli plus de 70 000 signatures.

Parmi les non pratiquants qui participaient hier à Un dimanche à la chasse, Michel, 67 ans, pas opposé à la pratique, explique qu’il aime à se promener avec sa femme dans la nature. « Souvent, c’est vrai, elle a peur », dit-il. Pour lui, les chasseurs et les autres usagers de la nature doivent se rapprocher, « se rencontrer », parce qu’il « y a des imprudences des deux côtés ». Précisément, la fédé des chasseurs du Gard va signer une charte du bon usage de la nature avec des associations d’usagers (randonneurs, vététistes).

Mais sur la question de supprimer la chasse le dimanche, le directeur de la fédé, Marc Valat, dit sans surprise son opposition « à cette restriction ». Nicolas Pages, technicien, s’appuie sur les statistiques : « Il y a eu 14 morts en France en 2014, c’est moins qu’il y a dix ans et 90 % des victimes sont des chasseurs. » La plupart des fautifs, selon lui, sont de “vieux” chasseurs. Lesquels n’ont pas bénéficié « des efforts sur la formation au permis de chasse ».

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