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Au tribunal pour 35 animaux braconnés !

Quatre prévenus comparaissaient le 16 mars à la barre du tribunal correctionnel de Digne-les-Bains.

L’affaire qui remonte à 2013, avait alors fait grand bruit dans le monde des chasseurs. Des délits commis essentiellement en Ubaye (Alpes-de-Haute-Provence) et jusque dans le département des Hautes-Alpes, par quatre prévenus âgés de 24 à 30 ans au moment des faits, qui comparaissaient le jeudi 16 mars 2017 à la barre du tribunal correctionnel de Digne-les-Bains. Des chasseurs pas du genre à cotiser à une association communale de chasse agréée et à acheter des bracelets pour le gros gibier. Deux frères poursuivis pour avoir abattu des animaux sans marquage conforme, et leurs deux amis «accrocs» à la chasse, poursuivis pour des faits «de braconnage en série», comme l’a fait remarquer le procureur de la république Stéphane Kellenberger.

Pas moins de 7 délits et 37 contraventions pour le plus âgé, 5 délits et 5 contraventions pour son collègue chasseur et boucher de profession : chasse en dehors de la période d’ouverture, de nuit où toute action de chasse est interdite, avec une carabine munie de silencieux, sur des terrains prohibés de société de chasse et transport de gibier mort soumis au plan de chasse et non marqué. Le tout sans permis pour l’un des mis en cause, mais un  »carnet de chasse » pour chacun d’entre eux. Des carnets retrouvés lors des perquisitions, et qui ont pesé lourd dans les débats. Ils font état avec précision de dates, de lieux et d’armes utilisées, des nombreux trophées réalisés sur des cerfs, mouflons, biches, chevreuils et chamois.

Perte de mémoire

Avec des annotations, comme  »P.B ». «Qu’est-ce que ça veut dire ce PB qui revient souvent», demandera la présidente Géraldine Frizzi. Le chasseur répondra «ne plus savoir» pourquoi il a écrit ces deux lettres. «Ça ne voudrait pas dire  »plombé »», demandera ironiquement le procureur de la république. «Oui c’est peut être bien ça», avouera penaud l’intéressé. Des dessins et des photos aussi, des amis dans diverses situations de chasse. Autant de preuves que la présidente étudiera dans le détail, cherchant à identifier les lieux et les époques. Pour autant les deux prévenus opposeront un simple «je ne me rappelle pas» à toutes les questions ou presque.

«L’excitation c’est la traque et le tir, après on oublie…». Une perte de mémoire «regrettable», pour le tribunal et les parties civiles, car ce sont 35 abattages clandestins qui sont retenus dans le procès. Mais aussi impressionnant qu’il soit, le tableau de chasse avoué est sans doute encore en deçà de la réalité. «Ce sont 110 bêtes qui ont été chassées et tuées en infraction», relèvera l’avocate de la fédération des chasseurs du 04, regrettant la prescription des faits. «Ils portent atteinte à l’image de la chasse». Comme le dira le procureur Kellenberger «il ne s’agit pas de faire le procès de la chasse. Ce ne sont pas des chasseurs mais des charognards, il ne s’agit pas de chasse mais de massacre».

1 700 euros pour un cerf

A cela s’ajoute l’effraction d’une cabane de montagne, dans laquelle les deux individus se seraient installés pour y passer la nuit après une partie de chasse, en démontant le mur et le plafond de la bergerie attenante, en cassant la porte et les barreaux de la fenêtre au moyen d’une barre métallique. «Pourquoi avez-vous forcé cette cabane ?», demandera la présidente Géraldine Frizzi. «On était fatigués, il y avait un peu de neige, on est rentrés pour manger et se reposer». Ils iront même jusqu’à dépecer devant la porte un chamois qu’ils venaient de tirer, en faisant une photo qu’ils enverront sur les réseaux sociaux, laissant là une preuve de leur forfait. Façon aussi de découvrir que la «chasse sauvage» n’est pas gratuite, car les revenus de ces quatre jeunes braconniers vont être plombés dans les prochaines années. Le coût du repeuplement des animaux abattus est estimé nationalement à 1700 euros pour un cerf, et 1 200 euros pour une biche. Rien que pour la fédération de chasse des Hautes-Alpes, touchée à moindre compte par les actes de braconnage, le montant réclamé par la partie civile dépasse les 20000 euros !

Pour sa part, le procureur Stéphane Kellenberger a requis 300 euros d’amende et le retrait du permis de chasser pendant 2 ans pour chacun des deux frères accusés de transport d’animaux sans marquage, et 1 an de prison avec sursis pour les autres chasseurs, avec en sus une amende de 50 euros par contravention, la confiscation des armes et le retrait du permis de chasser pendant 5 ans. Le tribunal a mis le jugement en délibéré au 9 mai prochain.

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